Larmes arrachées
Larmes arrachées
Nous sommes aussi sordides
que des oreillers souillés
par nos cheveux.
Quant au sable
des mauvais rêves,
A l'éveil il arrive
qu'il faille, par brouettées,
l'évacuer, faisant ainsi bon marché
de notre deuxième vie.
Et souvent, il ne nous reste
qu'un souvenir aussi intrusif
qu'un lièvre dans une
cage à lapins.
L'extincteur de réverbères
borde aussi les lampes,
victimes d'éclampsie.
Dans les gabarres, le sable de Loire
s'achemine sous l'oeil étroit
des poissons étanches.
Remontent alors les aloses en Rhône,
où la pluie de surface leur arrache des larmes.
Il arrive que le fleuve argenté
de notre barbe coule dans notre cou,
actionnant des turbines,
des usines marémotrices.
Le cours de l'euro est rattrapé
par le cours du Rhône.
Nous sommes les seuls
à n'être qu'un.
François Taldir